lundi 23 novembre 2015

Villa O'Higgins, attente sur la fin de la Carretera Austral

Hola hola !

La pluie semble avoir repris ses droits après cette quinzaine anticyclonique, le temps est gris, la bruine et les averses rythment les journées. Nous quittons maintenant Tortel en direction du dernier village de la Carretera Austral, le mythique Villa O'Higgins. Nous sommes lundi, nous devons arriver avant samedi, seul jour de la semaine où un bateau traverse le lac O'Higgins pour nous permettre de poursuivre notre périple en direction de l'Argentine. 

La difficulté réside une fois de plus dans les transports puisque aucun transport public ne relie directement Tortel à Villa O'Higgins. Il nous faudrait prendre le bus qui remonte à Cochrane puis attendre deux jours celui qui se rend à Villa O'Higgins. Nous tentons donc le stop pour ces 150 kilomètres de no man's land. La règle du jeu est simple : quasi aucune voiture ne passe, mais quand il y en a une, elle va presque forcément jusqu'au bout... On a la tente et quelques vivres au cas où ça ne marche pas, on s'attend à patienter de longues heures. Mais comme souvent, un brin de chance nous sourit puisque un couple de retraités chiliens croisé la veille, en vacances sur la Carretera Austral quitte Tortel en direction de Villa O'Higgins. Ils ont deux places dans leur voiture ! Et hop, c'est gagné ! 

La piste est plus étroite que tout ce que nous avons pu voir jusqu'ici. Ce dernier tronçon a été achevé en 1999, et "élargi" depuis 2007. Nous traversons à présent des zones complètement inhabitées, et loin de tout. L'isolement va crescendo depuis quelques temps, nous atteignons quand même un sacré degré d'isolement ici. Au bout d'un cinquantaine de kilomètres, il nous faut prendre un bac pour traverser un bras de mer. Seules deux traversées sont réalisées par jour. Le bac embarque un maximum de 17 voitures à bord... Ce jour, seuls une autre voiture et deux camions font le trajet, autant dire que sans ce couple, nous n'aurions eu que très peu de chance d'atteindre notre destination. En plus ils prennent soin de nous comme de leurs enfants, c'est encore une chouette rencontre ! 




Nous arrivons à Villa O'Higgins en fin d'après-midi, minuscule village de 350 habitants permanents. Ambiance de bout du monde... Un panneau indiquant les distances avec les prochaines villes et prochains villages en dit long...



Une éclaircie se profile ce lundi soir, nous en profitons pour monter au mirador qui domine le village. Cette jolie balade confirme que les quelques habitations sont bel et bien une exception dans cet environnement sauvage à perte de vue. Les trois épiceries du village sont achalandées au compte goutte, hier il y a eu une livraison de fruits et légumes, alors il faut en profiter !






Nous devons patienter jusqu'à samedi pour prendre l'unique bateau hebdomadaire permettant de se rapprocher de l'Argentine. Malheureusement la météo pour cette semaine est annoncée mauvaise, nous allons passer du temps à attendre. Nous sommes super bien installés dans une petite auberge, au chaud, et un petit groupe d'une quinzaine de voyageurs comme nous se forme au fil des jours. L'ambiance est bonne, alors le temps passe vite ! Notre Jungle Speed aura animé quelques bonnes soirées !
Nous marchons lorsque le temps le permet, cuisinons, nous prélassons dans le bain d'eau bouillante (chauffée au bois !), papotons avec les autres voyageurs. Deux cyclistes font également partie de l'équipe dont un japonais parti d'Alaska deux ans auparavant... Là c'est un autre niveau, nous sommes des petits joueurs à côté !



Mardi, entre deux averses, nous partons pour une petite balade vers le lac O'Higgins. Au moment de quitter le village nous nous rendons compte que le chemin passe en Argentine et parvient au lac côté argentin (lac qui ne porte d'ailleurs pas le même nom côté chilien et argentin). Nous devons faire tamponner nos passeports côté chilien au commissariat de Villa O'Higgins, puis côté argentin. Quelle histoire pour une balade de trois petites heures ! Mais c'est précisément sur ce point que réside l'intérêt du jour. En effet, le poste frontière argentin vaut le coup d'œil. Perdu en pleine forêt, seul ce sentier permet d'arriver jusqu'ici. De ce poste frontière, il est impossible de rejoindre le reste de l'Argentine par voie terrestre, seule la voie navigable est envisageable où alors il faut passer par le Chili. Les douaniers argentins sont donc prisonniers chez eux ici... La magie des frontières...



Dès notre arrivée, les douaniers nous disent "Allez donc vous promener au bord du lac avant la pluie, nous ferons les papiers à votre retour !" Nous en rigolons mais ils avaient finalement bien raison. Le ciel est couvert, le lac est gris-vert, le vent est fort. Au retour la pluie fait son apparition, nous repassons au poste frontière et les douaniers argentins effectuent donc en même temps le tampon d'entrée et le tampon de sortie ! Et une page passeport en moins juste pour cette balade...


    Accès au poste frontière !




   Terrain de rodéo !

Une éclaircie le mercredi nous permet de parcourir le sentier Alta Vista. De beaux points de vue se profilent sur les lacs et les environs, et, malgré les nuages gris, la lumière est très belle. Le vent froid ne nous aura cependant pas autorisé de nombreuses pauses...








La météo annoncée est vraiment capricieuse pour les jours à venir, le départ du bateau sera sans doute repoussé. Le vent rend la traversée délicate, alors aucun risque ne peut être pris si loin de tout secours.
Ça tombe bien, ce week-end c'est la fête au village. Vendredi soir est organisé une dégustation gastronomique dans le cadre du lancement de la saison touristique. Douceurs locales salées ou sucrées au programme. Hummm... Quelques visiteurs chiliens, notre groupe "international" de quinze et les locaux sont présents. Ils nous invitent également à partager le samedi midi un assado géant avec tout le village ! C'est une sorte de gros méchoui, en mieux ! Hummm, nous en salivons d'avance, la viande est tellement réputée ici et ces moments sont si traditionnels que nous sommes ravis de se voir invités !

Mais une douche froide nous glace les idées au retour de la dégustation gastronomique en trouvant les news de Paris en live, nous découvrons les horreurs des attentats... Nous sommes cinq français, les autres du groupe sont européens. Nous sommes vraiment abattus, nous nous sentons loin physiquement certes, mais tellement concernés. Réveil difficile le lendemain matin en lisant les détails qui pleuvent... Nous avons la tête ailleurs, le goût à rien. Nous allons malgré tout voir la petite fête qui se prépare et qui nous réchauffera le cœur. Les locaux nous témoignent immédiatement toute leur compassion face à ces atrocités parisiennes et nous demandent des nouvelles de nos proches. Le spectacle des enfants de l'école commence par une minute de silence pour l'occasion... S'ensuit un spectacle de musique, danse et chants. L'ambiance est belle, ça nous met clairement du baume au cœur, mais nous sommes absents...
Sept moutons cuisent au-dessus d'un tapis de braises depuis ce matin, ça semble fameux... Vers 14h le coup d'envoi est donné pour déguster cette belle viande ! Chacun sort son couteau de sa poche et se découpe un beau morceau. Hummm... Miam miam miam, c'est délicieux ! Il y en a largement pour ravir les papilles de tout le monde. Quel délice et quel bon moment de convivialité !







Le bateau va finalement partir dimanche, une éclaircie est annoncée ! Nous achetons notre ticket, faisons le plein de vivres pour la suite car El Chalten, notre prochaine destination argentine, n'est pas si facile d'accès. Mais ça c'est pour le prochain épisode...

La bise pluvieuse



1 commentaire:

  1. avec toujours avec grand plaisir que je parcours le récit de votre périple les photos sont justes magiques !!! ici la neige s'installe pour notre plus grand plaisir... profitez de vos derniers moments et bon retour en Haute Savoie

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